Comment le virtuel façonne t-il le réel ?

Résumé de la discussion du café-philo du 20 décembre 2025 animé par Bernard.
Nous commençons par clarifier ce que recouvrent les termes “virtuel” et “réel”, car chacun met des choses différentes derrière les mots. Une première articulation apparaît : réel = matériel / concret et virtuel = immatériel (idées, numérique, avatars…). Mais très vite, la discussion montre que cette opposition est fragile et peut faire tourner en rond (si tout devient “matériel” au sens large, le sujet se dissout).
Deuxième articulation : le présupposé de la question (que “le virtuel façonne le réel”) nous pousse à préciser le “comment” : par quoi ça passe, quel mécanisme relie les deux ?
Dans un troisième temps nous distinguons deux niveaux — un virtuel intérieur (imaginaire, pensée, filtres personnels) et un virtuel lié aux technologies (réseaux, IA, contenus “proposés de l’extérieur”, tromperie possible). Et la question se resserre : qu’est-ce que le virtuel technologique fait au virtuel intérieur, et par là, à notre capacité de passer de nos idées, de notre imagination à nos actes et à nos liens ?

La problématique ayant été ainsi définie, nous commençons la discussion en « essayant de répondre à cette question”.
Une première réponse “mécanique” est avancée : le virtuel façonne le réel via notre cerveau, qui décode, se laisse piéger, réagit — même sans “conscience” au sens fort.
Puis le débat se structure en grands axes :
1)° Le virtuel est-il une spécificité d’aujourd’hui : une nouveauté ou une simple accélération ?
Certains disent : l’influence, la propagande, les normes, ça existait déjà. La vraie différence, c’est la vitesse, la réactivité, la surinformation.
D’autres soutiennent qu’il: il existe une nouveauté plus profonde dans le virtuel technologique, parce que les dispositifs peuvent imiter le réel, et tromper plus facilement.
2°) Responsabilité individuelle ou écosystème qui oriente ?
Il y a :
– d’un côté, l’idée “il faut apprendre à gérer, prendre du recul, être responsable”,
– de l’autre, l’idée “ce n’est pas seulement une question d’individus : il y a des dispositifs (pub, algorithmes, économie de l’attention, recherche du profit) qui orientent et enferment”.

3°) Retour au vécu : effets sur le corps, l’estime de soi, la jeunesse
La discussion s’incarne fortement avec l’exemple des standards de beauté, de l’adolescence, de la comparaison, jusqu’à la chirurgie, et aussi avec la logique gratuit/payant/publicité. Là, plus personne ne peut traiter le virtuel comme “juste” du virtuel : les effets psychiques et sociaux deviennent très concrets.
En fin de débat, d’autres problématiques émergent :
– Facilité vs Effort , Plaisir vs Bonheur :  le virtuel exploite notre recherche de facilité / plaisir parfois au détriment de notre Bonheur (qui nécessite souvent un effort sur la durée)

A la fin de la séance, 4 maximes sont proposées.
« Imaginons le virtuel que nous aimerions voir se matérialiser.  »
« 
Cultivons les interactions sociales pour être plus à même de décoder ce qu’il en est du virtuel : ce qui est bon, et ce qui l’est moins.  »
« Oui au virtuel, mais n’oublions pas l’Homme (avec un grand H). »
« Osons être libres face au virtuel. »

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