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    Bernard
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    Résumé de la discussion sur le thème « Peut-on comprendre le mal ? » animée par Bernard le 2 février 2025

    La discussion a explorée la nature du bien et du mal, soulignant qu’ils coexistent en chacun de nous et que nous avons la liberté de choisir entre les deux. Le mal est présenté comme un concept graduel, variant en intensité et en intention. Il est souvent lié à des motivations telles que la défense de ses intérêts, la soumission à l’autorité, des pathologies mentales, ou l’égoïsme. Le mal absolu est parfois assimilé à une maladie mentale.

    La morale joue un rôle central dans la définition du mal, mais elle est subjective et culturelle, variant selon les sociétés et les époques. Comprendre le mal implique de saisir les intentions derrière les actions, ce qui peut être difficile car les individus ont souvent tendance à se protéger en évitant de comprendre le mal. Les participants ont soulignés que le mal peut être commis pour diverses raisons : intérêt personnel, obéissance à l’autorité (comme dans l’expérience de Milgram), ou en raison de troubles psychologiques.

    La discussion a également abordée la banalité du mal, où des individus commettent des actes répréhensibles sans nécessairement en avoir l’intention, souvent sous l’influence d’une idéologie ou d’un système. Le mal peut aussi être justifié par des intérêts supérieurs, comme la survie ou la défense de son groupe.

    Pour combattre le mal, il est essentiel de résister à la tentation de le commettre, ce qui nécessite de reconnaître et d’affronter le mal en soi. La compréhension du mal passe par une introspection personnelle et une empathie envers ceux qui le commettent, tout en évitant de tomber dans le piège de la banalisation ou de l’excuse systématique.

    En conclusion, la discussion souligne que le bien et le mal sont des concepts complexes, souvent relatifs et influencés par des facteurs sociaux, culturels et psychologiques. Comprendre le mal implique de se confronter à sa propre part d’ombre et de résister à la tentation de le commettre, tout en cherchant à comprendre les motivations des autres sans nécessairement les excuser.

    Pour aller plus loin ci-dessous l’entrée « mal » du Dictionnaire des concepts philosophiques, sous la direction de Michel Blay, Ed. Larousse:
    MAL
    Du latin malum, « mal, malheur, violence, maladie », et malus, « mauvais, malheureux, méchant ».
    Longtemps tenu dans l’Antiquité pour une opinion ou un sentiment dont il faudrait se délivrer, le mal devint un problème philosophique avec les doctrines dualistes (Plotin) et la rencontre entre le monothéisme et le manichéisme.
    1. Mal physique ce qui peut faire souffrir quelqu’un (insoutenable, irréparable). –
    2. Mal moral : ce qui peut être l’objet d’une réprobation (injuste, injustifiable, ce qui ne devrait pas être et contre quoi il faut lutter). –
    3. Mal métaphysique (au sens de Leibniz): imperfection nécessaire des êtres finis.
    Dans le contexte moderne, où il faut remarquer que les drogues médicales et les techniques desserrent l’étau millénaire de la souffrance, on le retrouve avec le dilemme de Bayle : Dieu est soit méchant (c’est l’hypothèse de Nietzsche, quand il dit que seul le Dieu moral est réfuté), soit faible (c’est l’hypothèse de H. Jonas, dans le Problème de Dieu après Auschwitz).
    Dans ses Essais de théodicée (1, 521), Leibniz répond en distinguant entre le mal métaphysique (imperfection nécessaire des créatures), le mal moral (péché), et le mal physique (souffrance), et en cherchant non seulement à réduire le mal physique au mal moral (l’homme souffre parce qu’il est coupable), mais aussi à montrer que l’un et l’autre tiennent à la finitude et à l’imperfection des créatures : tout n’est pas compossible et le monde actuel est le meilleur possible. La force de ces deux arguments est, d’abord, de montrer, en distinguant la face active (responsable et éventuellement coupable) et la face passive (souffrante et éventuellement impuissante) de l’humanité, que le mal subi correspond à un mal agi, et qu’il faut tout faire pour agir contre ce que l’homme fait (ou laisse faire) à l’homme, c’est-à-dire contre l’injustice. C’est, ensuite, de le décentrer de son point de vue, pour rapporter sa plainte (mais aussi son accusation, son plaidoyer, son récit, etc.) à la mesure du monde, et à la possibilité d’autres points de vue.
    Toutefois, l’échec spéculatif d’une telle justification (même si, comme le dit Nabert, l’injustifiable continue à appeler une justification) tient : d’abord, à l’objection que l’on trouve de Job à Bayle, Sade ou Dostoievski, que les humains sont à la fois plus méchants que malheureux et plus malheureux que méchants, que la méchanceté peut réussir et la vertu n’être jamais récompensée ; avec cette double disproportion, toute vision morale et pénale du monde s’effondre. C’est d’ailleurs, pour Kant, l’une des formes de ce qu’il appelle le « mal radical, qui touche à la racine même de la volonté, que de faire croire à une possible synthèse du devoir et du bonheur. Il tient ensuite à la difficulté de penser un ordre naturel (Marc Aurèle : « Rien n’est mal de ce qui est conforme à la nature) ou historique (Hegel) globalement heureux : soit que le monde politique entier et l’Etat basculent dans le mal, soit que la souffrance singulière de celui qui est sacrifié à cet ordre globalement préférable ne puisse être par lui commensurée ni compensée.
    Il reste à agir contre le mal que l’on ne peut justifier. C’est difficile, d’abord à cause d’un malaise dans la civilisation », déjà pointé par Rousseau : en se dotant des moyens de réduire les malheurs naturels, les humains ont augmenté les moyens de se faire du mal les uns aux autres. La difficulté tient plus généralement à ce sentiment tragique que les conséquences de nos actions nous échappent et que « l’enfer est pavé de bonnes intentions. » Comme si toute société comportait une « part maudite » de destruction égale à sa capacité de construire et de cumuler (Bataille). Mais l’action suppose que l’on l’on puisse approuver le bien et faire ce qui doit être, et non pas se borner à éviter le mal, à empêcher ce qui ne doit pas être. Elle suppose aussi que l’on accepte que, face au mal, les humains diffèrent au moins autant que dans leurs visées du bien.
    Car ces différences d’attitudes et d’interprétations, jusque dans l’obscurité du malheur qui voudrait les confondre dans la même fraternelle compassion, constituent l’intervalle même de la cité, d’un monde proprement politique (Arendt). Le point délicat est que le mal joue sur les deux tableaux de la douleur physique et de l’impuissance morale à communiquer sa douleur aux autres (on peut seulement leur faire mal), ou à partager leur douleur : le mal n’est pas seulement le malheur irréparable, insubstituable (Lévinas), mais que l’on ne puisse pas partager le malheur. C’est alors en acceptant que l’action contre le mal laisse un reste non imputable, non justifiable pour l’entendement, non communicable par l’agir et a parole, en sachant que la fin de toute violence ne serait pas la fin de la souffrance, que la plainte devient sagesse (Ricoeur). – Oliver Abel –

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